
En écoutant ton témoignage – tu es passée d’hôtesse de l’air à changer pour les Ressources humaines -, je me demande ce qui a été ta plus grande source de motivation?
Effectivement, on me dit souvent que mon parcours est atypique. J’aime toucher à tout en même temps. J’ai une soif de découvrir mes différentes facettes. Je me demande constamment s’il y a plus à découvrir. Je souhaite toucher des vies et il n’y a pas de limite. Je continue à explorer tant et aussi longtemps que j’ai la passion d’en voir plus. Une de mes plus grandes peurs serait qu’au bout de ma mission, de sentir que je n’ai pas réalisé certaines choses. Je crains de ne pas avoir suffisamment exploité mes talents. Je ne peux pas rester assise à ne rien faire.
Qui est ta plus grande source d’inspiration?
Personnellement, venant d’une famille haïtienne, je sais que les parents font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Une des personnes que j’admire et me pousse à aller plus loin, c’est ma maman. C’est une personne qui ne se fatigue pas et a réussi à bâtir un empire à partir de rien. Elle m’a appris à ne pas envier ce que je vois autour de moi puisque j’ai mes propres capacités. J’ai une grande admiration à l’égard de ma mère. Si je suis qui je suis, c’est parce qu’elle a investi en moi d’une certaine manière.
Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup parler. Mes professeurs s’en plaignaient puisque cela dérangeait parfois la classe. Ma mère s’est donc positionnée en auditoire pour se mettre à écouter tout ce que j’avais à raconter. Ce qui a transformé mon expérience de dialoguer avec elle et renforcé notre lien. Cela a favorisé mon épanouissement de trouver cet espace où je pouvais m’exprimer auprès d’elle chaque jour.
Il y a aussi Priscilla Shirer qui m’inspire. Elle a rédigé plusieurs ouvrages permettant de se forger une identité chrétienne. Elle invite à se créer une personnalité propre et trouver un équilibre parmi tout ce qui est offert dans la société.
Puis, il y a Micherose Philosca qui a été mon mentor dès le début de ma carrière. Elle a une bonne aisance en public. Elle arrive à conquérir les gens à sa manière. Elle m’a fait comprendre que chaque personne a sa façon de rejoindre son public.
Est-ce que ton nom – Nelson – est un nom de scène?
C’est mon nom de famille. Je porte le nom des femmes de ma famille.
Tu es l’une des personnes que j’interview ayant une voix forte et qui s’affirme. Est-ce que ça a toujours été le cas?
Je pourrais dire que ça n’a pas toujours été comme ça. Je crois que la personne que je suis devenue a été construite tout au long des péripéties de ma vie. Au fil du temps j’ai fini par comprendre que le respect ne s’acquiert pas en intimidant ou en adoptant une attitude repoussante. J’ai compris que ce que j’ai à l’intérieur de moi c’est pour apporter du bien à mon environnement. Nous possédons toutes cette essence de vouloir projeter le meilleur de soi.


Par exemple, lorsque j’étais agent de bord, je devais trouver un élément positif à mentionner à chaque passager. Ce qui détend automatiquement l’atmosphère.
Au niveau de ta carrière, il y a eu une période sombre de remise en question. Quels ont été les éléments qui t’ont aidée et amenée vers les différentes avenues que tu t’es mise à explorer?
Lorsque j’étais fraîchement sortie de l’université, j’avais cette notion de devoir m’identifier de par mon parcours et ma profession. Une fois sur le marché du travail, j’ai reçu comme une gifle en constatant que tous mes efforts n’étaient pas pris en considération. Ce fut un mauvais départ pour moi puisque je n’ai eu personne pour me soutenir à ce niveau. Bien que d’une part c’était une grande fierté pour ma famille que j’ai fait tout ce parcours, d’un autre côté, je me battais du fait de ne pas être heureuse en milieu de travail. Je vivais de l’anxiété et je tremblais des mains et des pieds. Ma seule issue à l’époque était la dépense compulsive, mais c’était un réconfort temporaire. En fin de compte, puisqu’on ne reconnaissait pas ma valeur sur le marché du travail, je me suis dit que c’en était assez et que je ne resterais pas une minute de plus à cet endroit. Cependant, quand je suis devenue hôtesse de l’air, même si je gagnais moins d’argent qu’auparavant, je me sentais appréciée. Cela fait toute une différence.
Tout compte fait, on ne reconnaîtra pas à sa juste valeur une personne qui se trouve à un endroit qui n’est pas propice à son élévation.